Pour avoir un mode de vie décent après ses études, Gaspard Skoda n’a pas hésité à quitter la France pour aller s’installer à Montréal il y a 8 ans maintenant. Depuis 2005, il montre clairement qu’il est agacé par l’Union Européenne en votant contre elle. Bref, c’est un « anti européiste ». Plus qu’un immigrant français, il est le délégué de zone pour la première circonscription des Français établis hors de France comprenant le Canada et les États-Unis depuis 5 ans, pour le compte de l’Union Populaire Républicaine (UPR) dans la course à l’Élysée. Ainsi ce trentenaire, né dans le 9e arrondissement parisien à Montmartre de père Tchèque naturalisé français et de mère Française, est le représentant des couleurs d’un parti politique qui brosse un tableau sombre d’une France qui s’en va en décrépitude à cause entre autres d’une « Union Européenne au bilan catastrophique sur les plans économique, social, militaire, diplomatique et même moral. » Gaspard Skoda ne prend pas ce constat à la rigolade. À côté des activités professionnelles et académiques de ce montréalais, son engagement politique tourne à plein temps et l’oblige à enfiler ses chaussures de sport et à courir à la vitesse du « train » qu’incarne désormais le parti de son fondateur François Asselineau, dont l’obtention des 500 signatures de maires lui permet de se hisser dans la « cour des grands. » Un résultat dû à un « travail de longue haleine » qui en a surpris plus d’un. Portrait de celui qui milite pour l’« indépendance nationale » de la France.
« Comment devenir un militant actif et infatigable d’un parti politique, allant même jusqu’à défendre des analyses sans ambiguïtés ni lâchetés de son fondateur ? » Si cette question se pose aux jeux olympiques de la politique, Gaspard Skoda en sortirait gagnant sans doute. Il aurait alors le brassard du meilleur élève.
En effet, Gaspard respire visiblement l’UPR. Il fait partie du lot de français aux sourires crispés et qui doutent depuis près d’une dizaine d’années des politiques, des valeurs et principes « désastreux » en place.
Ce qui est frappant chez ce Montréalais est qu’il ne mâche pas ses mots à l’endroit des derniers gouvernements « responsables » du vacillement perpétuel de son pays d’origine. Il ne se prive également pas de parler de la situation en lambeaux de la France actuelle, ainsi que de l’Union Populaire Républicaine comme « seule solution valable » pour son avenir, tellement ce jeune délégué semble bien huilé de ses sombres expériences personnelles ainsi que de la détermination du parti qu’il est fier de représenter.
Mardi, 17h15. C’est très enneigé et les routes sont quasi impraticables. Mais c’est sans compter sur l’enthousiasme patriotique et l’engagement politique de la Skoda qui ne faiblit pas. Rien ne l’empêche d’atterrir dans ce minuscule musée-café. Non pas la marque de voiture Skoda mais bien la personne. Quoique les deux vibrent au son de leur énergie et de leur détermination. Mais en ce qui concerne le délégué depuis son alignement derrière les rangs de l’UPR, il semble faire ce qu’il considère comme sa responsabilité : redonner confiance et espoir à ses compatriotes et à sa patrie.
« On ne peut pas faire d’omelette fédérale avec les œufs durs que sont les États-Nations d’Europe »
Il n’est pas de débat possible que l’Union Populaire Républicaine ne puisse engendrer sans son questionnement central : « Avons-nous oui ou non intérêt à rester encore dans l’Union Européenne ? » appelant ainsi ses compatriotes « de droite et de gauche, fidèles à 15 siècles d’indépendance nationale et à 2 siècles d’acquis républicains, qui refusent tout extrémisme » à s’affranchir de cette organisation avec des possibilités « claires » et légitimes de vivre « plus heureux comme en Norvège et en Suisse, selon les statistiques du programme des Nations Unies pour le développement », précise le parti sur son site internet.
Ainsi, dans le train de l’UPR lorsque le délégué de zone pour la première circonscription des Français établis hors de France va faire campagne, il traverse les allées de plaintes et de désespoir laissés par ses semblables venus en Amérique, comme c’est le cas pour beaucoup, dans le but d’avoir affaire à des travaux non-ingrats et assez bien rémunérés.
Mais quel serait le gain de ce qui s’appelle « trithérapie ou Frexit » : une sortie de l’Euro, de l’Union européenne et de l’OTAN ? « Beaucoup, à commencer par la démocratie car la politique française est décidée à Bruxelles avec la Commission européenne, à Frankfort avec la Banque centrale européenne et à Bruxelles mais en fait à Washington pour les questions diplomatiques et militaires avec l’OTAN. Les Français ont perdu leur souveraineté sur les principaux outils de pilotage du bateau France », estime Gaspard Skoda. Surfant sur cette « déconnexion » de l’Union Européenne des réalités de chaque pays membre, il ne manque pas de citer le Général Charles De Gaule à propos : « on ne peut pas faire d’omelette fédérale avec les œufs durs que sont les états nations d’Europe. » Fin de citation.
Celui qui se méfie des sujets polémiques tels que le « burkini » ou le « mariage pour tous » – jugeant que ce sont les sujets qui divisent les Français – préfère pour une « meilleure avancée » traiter des dossiers de fond comme entre autres l’indépendance de la France et sa souveraineté formant la démocratie. Quant à la question de l’immigration – autre sujet qui fâche – Gaspard et son parti proposent plutôt un référendum à partir duquel ce sont les français eux-mêmes qui choisiront leur politique d’immigration. Dans le sens que celle qui prévaut « aggrave l’ampleur des crises de migrants venant parfois de Lybie dans le but d’améliorer leurs conditions de vie. » Un dégât qui a pris de l’ampleur à cause notamment des « opérations de pacification et de démocratisation de l’Otan dans cette partie du continent africain », juge t‑il.
Gaspard et l’UPR se permettent aussi d’égratigner des « politiques-caméléons qui multiplient des promesses vagues et contradictoires pour plaire à tous les publics juste avant les élections ». Car selon lui, « une démarche pragmatique des chiffres, des faits, des preuves » est primordiale pour gagner la confiance du peuple surtout que « le fossé semble se creuser de plus en plus entre la population et la sphère politico-médiatique. Un gouffre qui se traduit entre autres par des surprises électorales que personne n’attendait à l’instar de Trump face à Clinton, Valls face à Hamon, Juppé face à Fillon ou le oui et non du Brexit », se plaît-il à dire.
Et en tant que délégué donc, ce Montréalais d’adoption à l’allure pas timide du tout et audacieux est chargé d’organiser les délégations étrangères en Amérique du Nord c’est-à-dire de faire la promotion des analyses du programme et de la candidature de François Asselineau. Cette fonction l’assigne aussi à organiser des réunions publiques et des débats, à faire des adhésions, des dons, à gagner des électeurs, l’essentiel de son travail se faisant par internet via les médias sociaux. Le fait de communiquer avec la presse, de diffuser leurs informations et analyses, et leur programme destiné aux expatriés fait tout autant partie de ses prérogatives.
Il était une fois l’histoire de Gaspard Skoda
« Qui va lentement, va sûrement » Pour les impatients, ce dicton est un cauchemar. Et pour d’autres en revanche, il sonne si bon à l’oreille. En effet, l’année 2017 aura été nécessaire à Gaspard Skoda pour prouver le bien-fondé de son adhésion à l’Union Populaire Républicaine « depuis le premier jour où il a été charmé par les positions de François Asselineau », l’un des 11 prétendants aux élections présidentielles françaises. Encore là le travail est plus étendu pour Gaspard, mais il n’est « pas question de dormir sur ses lauriers. » Ça, il peut se le dire aujourd’hui, parce que l’UPR ne s’y serait pas retrouvé facilement n’eut été « du travail de longue haleine de plusieurs bénévoles et adhérents qui a manifestement surpris tout le monde sauf nous. Ce qui nous permet aujourd’hui de bénéficier d’une vraie couverture médiatique et par-dessus tout de présenter notre projet à la France », explique le délégué.
Mais comment s’est-il retrouvé au Canada ? Réponse : « Je n’ai quitté la France ni par goût d’aventure ni par dégoût d’elle, je l’ai fait parce que je n’arrivais plus à vivre décemment. Il n’y avait pas de travail. Pour des raisons économiques, j’ai donc immigré. Ce n’est que par la suite que je suis tombé amoureux du Québec. » Pour l’anecdote, « afin d’accroître mes chances d’obtenir un visa de travail pour le Canada, j’ai suivi une formation de pâtissier, chocolatier, glacier, confiseur », relate t‑il.
Dans une première vie en France, Gaspard accède aux études en archéologie et en histoire de l’art. Mais « les aléas de la vie le forcent à interrompre ses études en master pour se trouver un emploi. » d’où le début d’une traversée du désert qui ne manque pas de l’assécher : « Trop qualifié ! », « Pas assez d’expérience ! », « Pourquoi pensez-vous faire l’affaire plus qu’un autre candidat ? », se faire dire « Non » quand il avait « La chance d’obtenir la réponse d’un employeur », raconte-il. Chemise grise à fines rayures roses dans un pantalon chino gris, Gaspard a les doigts croisés et le regard profond lorsqu’il remonte jusqu’à son passé, plus exactement avant de s’installer à Montréal.
Mais derrière cette grosse déception se cache clairement un amour immense pour ses origines, pour son pays, pour ses petites et grandes histoires précieuses vécues en famille ou avec ses amis. À 6000 km de Paris, il a appris à avoir le « sens critique plus aiguisé ». Il a aussi appris à savoir choisir ses combats. Mieux encore, il a appris à lutter pour la préservation des valeurs et patrimoine national légué par ses ancêtres parmi lesquels : la démocratie. À ce propos, il dira : « d’une certaine manière, c’est la situation en France qui m’a poussé à partir ; et pourtant aujourd’hui depuis le Québec, je défends à cor et à cri cette France qui m’a rejeté de l’autre côté de l’Atlantique. »
Cela fait des années que Gaspard n’arrive pas à dénicher un parti qui puisse lui ressembler. Son « euro scepticisme » naît clairement en 2005 en votant non au Traité Constitutionnel Européen. Il fait partie des 55% de Français qui se sont sentis trahis par la ratification par voie parlementaire du Traité de Lisbonne en 2008 qu’il juge comme étant une reprise exacte du Traité Constitutionnel Européen. C’est donc le début pour lui d’une adversité résolue de la construction européenne. Lors d’une balade sur internet Gaspard fait une trouvaille : les analyses de François Asselineau, fondateur de l’Union Populaire Républicaine, qui cultivent une ambition sans faille de contrer « l’asservissement de la France » en sortant de cette union. Objectif atteint : le futur délégué se rallie alors derrière les idées de l’UPR. Et aujourd’hui, le « rayonnement » de ce parti passe par le travail qu’élaborent tous ses bénévoles comme Gaspard Skoda.
Celui-ci est extrêmement préoccupé par son pays. Il dit se battre surtout pour de nombreux Français qui sont restés emprisonnés dans le découragement. « Ce sont quelques 800 français par jour qui passent sous le seuil de la pauvreté. Presque 1 agriculteur par jour se suicide. Une usine ou un commerce ferme tous les jours en France », à en croire les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques empruntés par Gaspard. Au plus fort de la « catastrophe », le délégué de zone au compte de l’UPR pour la première circonscription des Français vivant hors de la France invite donc ses compatriotes de tous les horizons à joindre le « train à grande vitesse français qui a certes mis du temps à accélérer mais que rien ne peut arrêter à présent », dit-il confiant.
C’est à l’âge de 14 ans, alors que ses parents se séparent, que le sens des responsabilités lui tombe assez vite sur la tête. Vivant avec un père en perpétuel déplacement, il est conscient que personne ne l’aidera à faire ses devoirs. Même si les deux parents sont chacun de leurs côtés, il tire des deux profils des valeurs dont il est encore fier aujourd’hui. D’un père Tchèque naturalisé Français et étudiant aux Beaux-Arts de Paris, il hérite le pragmatisme en sachant travailler dur pour gagner sa vie. Tandis que d’une mère issue d’une famille traditionnelle catholique croyante et pratiquante et elle aussi étudiante aux Beaux-Arts, malgré un agnosticisme pleinement assumé, Gaspard a plutôt empoché de sa mère de « bonnes valeurs catholiques » lui rappelant « cette image de la Vieille France catholique enrobée des valeurs de tolérance, de l’amour du prochain, des gens qui aiment la parole du Christ et qui véhiculent ses valeurs saines. »
Gaspard Skoda est habité par une espèce de fougue et de volonté de voir changer les choses dans son pays, la France. Il se fait alors défaiseur du désespoir et du défaitisme. Arrivé à Montréal, il prend sa vie en main et trouve la meilleure formule pour affronter les demains. Il mêle donc à ses activités professionnelles des cours en journalisme à l’Université de Montréal et une forte implication dans le mouvement de l’Union Populaire Républicaine basée dans la métropole.
Ses amis le résument en un mot : « obstiné » et il est bien d’accord avec cet adjectif pour la simple raison que ce peut être « une qualité dans le cadre d’un combat politique » surtout qu’il y croit fortement. C’est d’ailleurs avec la même ardeur qu’il affirme que « l’union fait la force, mais on oublie la deuxième partie de cette expression qui lui accorde toute sa pertinence : l’union fait la force, oui, mais si et seulement si tout le monde va dans le même sens. Aussi, si l’on applique cet adage à l’UE, on observe rapidement que chacun des membres va dans le sens de ses intérêts nationaux. Et c’est bien légitime ! Quand la France aimerait lutter efficacement contre l’évitement et l’évasion fiscale pour récupérer des dizaines de milliard de pertes sèches, le Luxembourg, lui, au contraire l’institutionnalise puisqu’il s’agit pour lui d’un très gros revenu. Tout le monde tire à hue et à dia et personne n’est d’accord pour aller dans un sens. Voilà un attelage qui n’ira jamais bien loin. »
Vous vous souvenez du « Roi lion » ? Perché toujours sur le pic du rocher pour surveiller son peuple ou voir si un éventuel ennemi apparaissait ? Gaspard dit beaucoup aimer le Québec. À Montréal, il est des endroits qui se sont fait une place particulière dans son cœur. Parmi eux, un qu’il chérit religieusement et où il se rend au quotidien : le parc du Mont-Royal. Et de là, même si c’est à près de 6000 km de Montmartre, il entend les battements de cœur de son pays d’origine qui connaitra à coup sûr les nouvelles couleurs de son destin et celui de près de 66 millions de citoyens dans quelques jours. Un destin qui sera tenu entre les mains d’un(e) seul(e) vainqueur(e) chargé(e) de faire ce qu’il/elle est tenu(e) de faire : apporter un meilleur changement, la seule chose qui trouve grâce aux yeux d’électeurs.
Quelques pépites sur Gaspard
- Les noms qui vous ont marqué le plus dans votre vie ? Le Général Charles De Gaule, Karl Marx, Freud, Jean-Claude Michéa, Frédéric Lordon, Jean-Pierre Chevènement, Philippe Séguin.
- Comment êtes-vous perçu par vos amis ? Obstiné.
- Comment vous vous définiriez ? Obstiné, audacieux.
- Des images de votre enfance qui sont restées gravées ? Les chasses à l’homme (un jeu d’enfant) dans l’immeuble avec mes amis.
- Allez-vous souvent en France ? J’essaie d’y aller une fois par an au moins pour y voir ma famille et mes amis.
- Votre pays vous manque t‑il ? Oui. J’aimerais pouvoir y rentrer plus souvent.
- Votre plat préféré ? Les huîtres.
- Votre pâtisserie préférée ? Le Paris-Brest (Un matelas onctueux de crème mousseline pralinée pris en sandwich entre deux disques de pâte à chou léger et croustillant, parsemé d’amandes effilées et saupoudré de sucre glace.
- Vous sentez-vous plus Français, Tchèque ou Québécois ? Français incontestablement.
- Quel parallèle faites-vous entre le Québec et la France ? La langue française.
- Si vous étiez millionnaire, que feriez-vous ? J’aurais des maisons partout. J’aime voyager. J’aime tous les pays du monde. Je rêve de découvrir l’Afrique par exemple, le Cameroun. J’aimerais pouvoir habiter où je veux en fonction des saisons et de mes envies, un peu partout dans chaque continent.
- Si l’UPR venait à gagner, introduirait-elle la poutine dans la gastronomie française ? Je serais le pire ambassadeur pour la poutine parce que moi perso je n’en suis pas un grand fan. Par contre je pourrais être l’ambassadeur de pleines de choses du Québec comme de la cuisine québécoise, de son art, de sa chanson. Il y en a de très belles choses.
- Votre endroit préféré à Montréal ? Le parc du Mont-Royal.
- L’une de vos citations préférées ? « Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou. » (Albert Camus)
- Quel est le premier conseil que vous donneriez à un nouvel arrivant ? Faites-vous des amis Québécois, découvrez le Québec à travers leurs yeux.
- Auriez-vous préféré vivre il y a cent ans, dans cent ans ou aujourd’hui ? Moi j’ai le sentiment de vivre une époque difficile personnellement. Mais elle est formidable parce qu’elle est historique. On vit de grands bouleversements internationaux, pas seulement à l’échelle de la France. C’est un choix que je n’ai pas, c’est mon époque et je suis content d’y vivre.
- Suite aux discours simplistes et popularisés lors de certaines campagnes électorales, comment voyez-vous l’avenir du discours politique ? Le discours politique doit refléter ce que leurs auteurs pensent vraiment parce que la politique à coups de slogans, la politique creuse, ça ne fonctionne plus. Les représentants politiques ne peuvent plus duper facilement les citoyens, notamment grâce à l’émergence d’internet. Il va falloir qu’ils disent ce qu’ils pensent et qu’ils pensent ce qu’ils disent. Ils devront être authentiques : faire ce qu’ils ont à faire parce qu’ils croient au combat qu’ils mènent, parce qu’ils ont des convictions. Et non servir prioritairement leurs intérêts personnels, leur soif de confort matériel et d’un statut social valorisant.
- Un mot pour conclure ? Merci pour cette entrevue. C’était très agréable. J’ai passé un excellent moment.