Kathia Saint-Victor, 37 ans, est une entrepreneure unique en son genre. Déjà à 12 ans, elle est la gamine qui aide les bouts de chou à faire leurs devoirs au Centre de la petite enfance Le Petit Cheval à Montréal. Un quart de siècle plus tard, elle jette ce regard protecteur sur les jeunes entrepreneurs issus des communautés culturelles et ethniques dans le volet évènements de son entreprise, et facilite leur difficile avancée dans le monde des affaires. La fondatrice et présidente-directrice générale de Kluva Chic estime que son but est de mettre en lumière ces jeunes gens bourrés de talents afin qu’ils puissent jouir d’un certain succès dans leurs entreprises. Un travail qu’elle mettra à l’honneur le 29 octobre prochain dans le cadre de la troisième édition du Salon des jeunes entrepreneurs international, une activité qu’elle organise à la Place Bonaventure dans la métropole québécoise.
Peau d’ébène, corps bien dessiné dans un naturel déconcertant, regard empathique, elle parait être à son aise comme un poisson dans l’eau pour parler de son entreprise Kluva Chic. Cheveux noirs lissés et impeccablement tirés en arrière, le sourire aux lèvres à la moindre question, même la petite fraicheur de ce matin d’interview pourrait se demander si celle qui s’est occupée des enfants pendants 25 ans oserait même faire du mal à une mouche. Le parcours professionnel de Kathia Saint-Victor n’a rien d’un long fleuve tranquille puisque quand elle décide de créer son entreprise, elle lâche toute sa stabilité professionnelle et salariale de l’époque pour se consacrer à ses affaires qu’elle gère depuis trois ans aujourd’hui. Les critiques sont tombées sur elle mais Kathia se porte comme un charme. Une folie ? Indéniablement celle de réveiller et de chérir la passion d’entreprendre qui longtemps sommeillait en elle, et surtout le besoin d’aider ces autres immigrants entrepreneurs débordant de talents mais qui sont peu ou pas connus du tout.
Kluva Chic Salon : À vos marques, prêts, démarquez-vous !
Quand une jeune femme dans la trentaine se prend à rêver en grand, abritant sous son aile un paquet de personnes voulant à leur tour être auteures de leur propre destinée, et bien ça donne ce que ça donne. De son savoir-faire est née son entreprise Kluva Chic. Et de ce dernier naîtront successivement deux merveilleux bébés : Kluva Chic Traiteur l’aîné, et le cadet Kluva Chic Évènements avec lesquels évolue Kathia. À peine arrivé dans les locaux de Kluva Chic Traiteur –volet dédié aux services de restauration pour particuliers et entreprises- où s’est déroulée l’entrevue, l’on constate à première vue que cet endroit est intimement marqué par les traits de personnalité de sa fondatrice : passion concrétisée d’un travail ardu, reposant, accueillant. Ces qualificatifs exhortent à cesser les préambules pour plonger maintenant dans les raisons d’être et la philosophie de cette branche d’activité. Rembobinons, qu’est au juste ce Salon de jeunes entrepreneurs international ?

Imaginez-vous débarquer à Montréal, votre petite entreprise dans votre valise n’ayant pour seul admirateur et client actuel que vous seul pendant trop longtemps. Maintenant, essayez de vous projeter plutôt dans un monde idéal où après avoir lancé votre entreprise, votre joyeuse tête sympathique sourit à la prospérité et que vos affaires roulent comme sur des roulettes. Dites-vous de cette dernière situation qu’elle est géniale ? Ce talent que tant d’entrepreneurs nouvellement venus au Québec portent sur leur dos sans jamais avoir l’opportunité de l’illustrer est mis en avant par Kathia. C’est son boulot.
« Vive la diversité. »
Ce salon est un outil précieux « à caractère multiculturel et ethnique » servant à donner l’opportunité aux jeunes bâtisseurs venus d’horizons divers, d’exposer leurs compétences, leurs talents, de vendre leurs projets et savoir-faire au public qui saura les apprécier. À travers cet évènement également, ces jeunes talents se voient fournir des secrets, codes et repères par des conférenciers de renom. Cette 3e édition s’annonce plus interactive que les deux précédentes. Au programme il y aura entre autres : un nombre de techniques facilitant les échanges entre les visiteurs et les entrepreneurs, les nouveautés technologiques telles l’application Swapcard permettant de faire du réseautage avant, pendant et après le Salon, ainsi que le Réseau M de mentors accessibles pour des rendez-vous d’une vingtaine de minutes. Ce sont là des opportunités gratuites parmi plusieurs. Bref, la présidente de l’organisation met tout en place pour que « les gens sortent de là avec un bagage » affirme t‑elle avec certitude. Les participants auront l’occasion de désaltérer leur soif de savoir avec une palette de conférenciers parmi lesquels l’ambassadeur de l’évènement de cette année 2016 Jeremy Pastel, fondateur de VoxSun Telecom et de BoostMyCom, conférencier et auteur du livre Comment cartonner en affaire. Cela signifie naturellement que l’ambassadeur de l’événement s’adonne volontiers à « faire découvrir et rayonner le Salon dans les médias et auprès du public. »
L’envie et le besoin de quitter son confort pour faire vibrer sa fibre altruiste
Lorsqu’elle avait le statut de professeure de français au Orchard House Preschools, cette grande sensible se distinguant par la générosité et l’engagement avait une vie assez conséquente de tout ses parcours académique et professionnel lui permettant de manger du caviar tous les jours si elle le désirait. Enseigner était sa première passion, mais l’envie de tout lâcher et de se tracer un nouveau chemin était vive. Tout est parti de plusieurs constats : d’abord, son désir grandissant de s’investir dans autre chose que le milieu professoral. Ensuite, elle évoque son attachement pour les relations humaines et son incapacité de rester indifférente face à « la souffrance des gens qui avaient moins de possibilités tant financières que relationnelles », explique t‑elle. Elle faisait « face à des entrepreneurs qui avaient déjà traversé tous ces calvaires et qui avaient pris la décision, une fois bien intégrés, de se lancer en affaires », confit-elle, enveloppée par une quiétude étonnante. En effet, lorsqu’elle débute son service traiteur en majorité sollicitée par les communautés culturelles et ethniques, elle constate avec effroi que parmi ses nombreux clients se trouvent plusieurs joyaux qui attendent de briller.
Au Salon des jeunes entrepreneurs international, on rencontre de tout : les notaires, les avocats, les commerçants, les designers, les restaurateurs… Leur profil est double : certains étant dans les affaires par choix, tandis que d’autres y sont par débrouillardise en raison de l’impossibilité de faire reconnaître leurs diplômes.
Tout compte fait, Kathia Saint-Victor participe sans relâche à améliorer l’avenir de la diversité des cultures en s’attardant sur leurs richesses innombrables et dissimulées. Ils ont entre 19 et 40 ans : Noirs, Blancs, Métis venus des quatre coins du monde se rejoignant dans l’irrésistible besoin de contribuer à l’essor économique de leur nouvelle patrie.
Même si cette Canadienne d’origine haïtienne avoue inlassablement avoir des envies en tant qu’entrepreneure, elle résume aussi cet engagement pour la cause immigrante à « une sorte de connexion » avec ces jeunes architectes.
« ce n’est pas facile mais que c’est possible. »
Veuillez à ne pas vous tromper sur cette jeune femme combattante ! Elle ne finira pas cette interview sans exhorter tout ceux qui veulent se lancer dans les affaires de porter ces manteaux incontournables : détermination, confiance en soi, curiosité. Elle encourage les entrepreneurs à garder l’esprit ouvert, à faire du réseautage, à participer aux salons et à se garder informé. En revanche, si l’expérience chez Kluva Chic s’avère être tentant pour ces jeunes soucieux de la visibilité, ils devraient auparavant se rassurer au moins de faire les premiers pas structurels : enregistrer leur entreprise, obtenir leur logo, avoir une plateforme web ou une présence sur les réseaux sociaux. Kluva Chic Évènements s’occupera de la prochaine étape.
Douce jusqu’aux confins de la douceur, sourire allant jusqu’à l’infini de la lumière, positive jusqu’au reniement de l’impossible, déterminée et vigoureuse jusqu’à l’obligation de résultat, Canadienne Haïtienne jusqu’au rassemblement de toutes les nationalités du monde. La lithanie comparative pourrait continuer tant cette jeune entrepreneure regorge de particularités. Kathia Saint-Victor pratique une mélodie de la justice et de l’égalité des chances pour tous. Celle qui baigne dans des cultures assez diverses s’impose un pari de taille : celui de montrer qu’il existe au Québec des femmes et hommes vaillants et bien intégrés, issus de communautés immigrantes et ethniques dotés de compétences certaines qui ne demandent que les opportunités et le droit de réussir.
Elle même immigrée au Canada étant nourrisson et ne manquant de rien jusqu’à l’âge adulte, ce petit bout de femme fait de la diversité le secret d’une terre de paix où toute personne se donne les moyens de réussir dans son domaine d’activité. Chrétienne pratiquante, son mot d’ordre reste « Vive la diversité. » Kathia, façonnée par ses expériences professionnelles précoces dès son adolescence reconnait que « ce n’est pas facile mais que c’est possible. » Sans doute un message pour tous, car sa carrière d’entrepreneure est nourrie de passion, d’optimisme, de confiance en soi et de travail acharné. Sa symphonie s’allie également à l’appréciation de la beauté de chaque petit détail qui soit, de la vie, de la joie, à l’instar d’un « enfant qui sourit, pleure ou rigole, de la couleur des arbres et feuilles d’automne. » Pour ceux qui la trouveraient un peu rêveuse, elle posera une question banale : « imaginez juste un instant que les arbres soient gris. » Fin de citation.
Quelques pépites sur Kathia
- Son rituel du matin : La méditation. Mettre ses idées sur papier. Regarder son agenda.
- Son rituel du soir : la relaxation après les heures de travail. Écouter musique : Kompa, Zouk, Jazz et la chansonnette française. Accorder du temps à la famille et aux amis.
- Sa couleur préférée : elle affirme être une femme passionnée qui aime toutes les couleurs car elles sont synonymes de vie et de joie. Elle s’émerveille devant tous les coloris : celui d’un oiseau, d’un jardin.
- Les parfums qu’elle affectionne : Les bonnes odeurs de cuisine. Parmi ses nombreux parfums, elle a un faible pour Givenchy.
- Sa marque de vêtements préférée : Pas de marque spécifique, si c’est douillet et beau pour elle, ça lui va très bien. Aime la mode en général. L’essentiel est le vêtement avant sa marque.
- Ce qui lui fait facilement sourire : un enfant, l’amour, les gens amoureux, les gens heureux, les couples âgés qui se tiennent la main, les bonnes nouvelles, la vie, la joie, l’attitude positive.
- Son livre préféré : Tous les bouquins ont un sens. Elle les choisit en fonction de ce qu’ils lui apportent de bon. C’est pareil pour la musique.
- Sa destination voyage de rêve : l’Asie, elle est fascinée par ce peuple, leurs mœurs et habitudes.
- La destination voyage qui l’a façonnée en lui apprenant de la vie : le Bénin.
- A t‑elle peur ? « La peur de se perdre. Il faut craindre le succès qui fait perdre la tête. La peur de perdre ses valeurs. Le matériel aide mais n’est pas indispensable et ne fait pas forcément le bonheur. Il y a autre chose dans la vie. L’exemple de Steeve Jobs qui s’est rendu compte à la dernière heure qu’il avait tout mais qu’il partait seul. Il faut garder la passion tout en restant conscient qu’il y a autre chose dans la vie. »
Merci chère Christelle pour ce superbe article. Vous êtes une personne animée, chaleureuse et débordante d’humanisme. Votre plume reflète la profondeur, la vie, la passion et la poésie. Votre sourire aux lèvres pendant tout l’interview apportait le calme et la joie autour de nous. Bonne continuité dans tous vos projets présents et futurs et continuez de croire en vous, en nous ! : )
Merci Kathia pour ces belles paroles..Le soleil brille de plus bel sur ma page..:)
Le soleil brille parce que tu portes un de ses rayons. Merci encore ! : )
Merci beaucoup Kathia !